3.8 L’enregistrement

3.8.1 Les supports et les formats

Depuis les origines de l’enregistrement du son les choses ont beaucoup évoluées :
Le premier système dédié à l’enregistrement est une machine qui utilisait les surpressions et les dépressions pour faire varier la hauteur d’une flamme qui déposait de la suie plus ou moins haut sur une surface en translation. Ce système dessinait des formes d’onde comme on les appelle aujourd’hui. Mais il était impossible de relire cet enregistrement.
Ensuite sont venu les gravures sur cylindre et sur disque en cire ou en pyrale (aluminium laqué). La duplication était possible par pantographe avec une perte de qualité série après série. Chaque maison de disque développait son propre système pour tenter de gagner des parts de marché. Il y a eu jusqu’à une vingtaine de systèmes concurrents en vente en même temps avec pour certains juste des aiguilles à changer (forme et diamètre) ou dans d’autres cas tout le système de reproduction (gravure latérale ou verticale,...). Quelques essais d’enregistrements stéréophoniques ont été tentés sur deux tourne-disques jumelés, mais l’essentiel de la production était monophonique. De nombreuses personnes ne pouvaient s’acheter ces appareils et il existait des salons où on pouvait venir écouter les disques. L’usure des supports était assez importante et la qualité de la reproduction se dégradait de lecture en lecture.
Le tube amplificateur a permis de nombreuses choses pour l’enregistrement avec notamment la possibilité de moduler le gain de l’enregistrement. La qualité des supports s’est aussi améliorée.
La radiodiffusion a aussi fait son apparition grâce aux tubes amplificateurs.
C’est pendant la seconde guerre mondiale que l’enregistrement magnétique à été développé à des fins militaires. Il fallait enregistrer continuellement les messages radios captés. La bande magnétique a été développée par les allemands. Les anglais utilisaient des rubans de métal. Les progrès de l’industrie pétrochimique ont permis de fabriquer des films plastiques fins et résistants. Une bande magnétique n’est pas aussi continue que la qualification d’analogique voudrait le faire croire. Les oxydes déposés sur la bande sont constitués de petits bâtonnets qui sont orientés par le champ magnétique de la tête d’enregistrement. La taille de ces bâtonnets est variable et plus elle est petite et meilleur est la bande passante. La vitesse de défilement permet aussi d’avoir une augmentation de la bande passante. Par contre la plage dynamique dépend essentiellement de largeur de la bande. De la monophonie on est passé à la stéréophonie puis au multipiste. Ceci s’est fait par un découpage des pistes plus étroites et aussi par l’augmentation de la largeur de bande dans le cas du matériel professionnel.
L’introduction par Philips de la mini-cassette fût une révolution pour la grande-consommation. La capacité d’enregistrer arrivait à la portée de tout le monde.
Le disque jusqu’alors en cire ou en aluminium laqué a aussi profité des avancées en matière de plastiques : le disque vinyle est arrivé (durée de vie supérieure, bruits de surface améliorés, moins cassant, finesse de gravure, stéréophonie, fabrication industrielle par duplication galvanoplastique,...).
La révolution suivante a été la fabrication des disques compacts numériques. Il a fallu la collaboration de deux géants, Sony et Philips, pour maîtriser la conception : il faut déposer sur une face gravée d’un disque en polycarbonate une fine couche de métal. Le codage est très fin, il est fait par des trous plus ou moins longs dans le plastique. La fabrication des disques se fait également par pressage galvanoplastique. Le CD a presque fait disparaître le vinyle qui a trouvé des marchés de niche pour les collectionneurs, quelques audiophiles et les DJs de musique électronique.
Les dérivés haute résolution du CD ont du mal à trouver leur marché, le SACD de Sony-Philips et le DVD-Audio de Pioneer et du DVD-forum n’ont pas encore obtenu de véritables succès commerciaux malgré les avancées qu’ils apportent en terme de qualité, mais justement la tendance actuelle n’est peut être pas à la qualité...
Pour remplacer la minicassette de Philips, Sony a lancé la cassette DAT, puis le Minidisc, Philips a tenté la cassette numérique DCC, ces supports n’ont rencontré que des succès mitigés ou limités à des marchés de niche ou professionnels.
L’évolution actuelle va vers une multiplicité de formats et de supports par la "virtualisation de l’information". Les fichiers audio numériques voyagent à travers la planète et sont stockés sous de multiples encodages et sur n’importe quels supports numériques : CD, DVD, disque dur, mémoire flash,... Par contre les conversions ne laissent pas forcément le signal d’origine intact. Certains encodages compressent l’information en éliminant du signal les composantes soi-disant inaudibles. Peut-on espérer qu’avec la miniaturisation du stockage et l’augmentation des débits d’internet la tendance à cette compression recule ?

3.8.2 résistance de l’information au temps

C’est le problème majeur, comment s’assurer de la conservation des informations enregistrées ?
Des tests ont été entrepris début 1900 pour connaître la durée de vie des disques. Dans une cuve métallique des disques ont été enfermés hermétiquement. Les résultats seront bientôt connus !
Les supports en cire deviennent cassant avec l’âge. Les premiers plastiques n’avaient pas une durée de vie excellente, les agents plastifiants s’échappaient du matériau et le rendait cassant. D’autres plastiques devenaient gluants et perdaient leur forme. Des champignons peuvent aussi se développer et dégrader les supports.
Un problème connu est aussi la dégradation des supports par des emballages qui vieillissent mal. Les recommandations de conservation actuelles spécifient l’utilisation de pochettes de conservation pour les supports plutôt que leur pochette d’origine qui est gardée à part.
L’information numérique bénéficie d’une lecture indirecte : Le signal est traité avant lecture. Etant donné la finesse de l’information, on utilise des algorithmes de protections des données et une écriture entrelacées, voire même redondante de l’information. Mais les supports ne sont pas infaillibles, les disques optiques se rayent, les disques durs sont susceptibles de tomber en panne, craignent les chocs et la tête de lecture peut endommager sérieusement la surface des disques...
Un problème avec une technologie de plus en plus complexe est de pouvoir relire les informations d’ici un siècle par exemple quand les lecteurs n’auront certainement plus grand chose à voir avec les appareils actuels. Deux stratégies de conservation sont possible :
- conserver suffisamment de lecteurs de l’époque d’origine en espérant qu’on pourra toujours en faire fonctionner un, voire d’en refaire un à partir des restes fonctionnels des lecteurs conservés.
- Faire évoluer le support de l’information de façon perpétuelle pour au moins conserver le contenu même s’il n’est plus sur son support d’origine.
La tendance actuelle à la surproduction de contenu ne facilite pas la tache des archivistes.

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